J'ai 20 ans.

J'ai 20 ans.

Léa, 8 ans.

Les aiguilles ont fait le tour de l'horloge. Ça y est, nous sommes le 20 novembre 2018 et j'ai 20 ans. J'appréhendais un peu cet âge, tout le monde m'a annoncé l'année à venir comme étant pour sûr la meilleure de toute ma vie. Vingt ans, l'âge emblématique, l'âge de la liberté, l'envie de tout défoncer, d'aimer tout le monde mais surtout de s'aimer soi.
Vingt ans, c'est si peu et tant à la fois. Je me sens jeune face à ceux qui repensent à leur jeunesse avec nostalgie et déjà si vieille face aux enfants qui inventent tous les jours de nouvelles modes qui me dépassent. Moi aussi je le suis, nostalgique.
Je regrette les moments où j'étais malade, couchée dans le vieux canapé de mes parents à regarder Walker Texas Ranger pendant que ma mère me préparait de la compote. Quand je rentrais de l'école et que mon goûter était prêt sur la table. Quand c'était encore amusant d'imaginer le métier que je voulais faire plus tard (pardon, Léa de 8 ans, mais c'est mal barré pour être avocate ou médecin). Quand on reproduisait une version très cheap de Fort Boyard dans le jardin avec mes sœurs. Quand j'élevais des escargots mais qu'ils s'enfuyaient avant le lendemain matin. Quand j'avais peur de la grosse voix dans Nintendogs alors que c'était la mienne en plus grave. Quand j'étais certaine que Garou se rendrait compte que j'étais faite pour lui au premier regard.
Je regrette aussi tous ces moments que je n'ai pas vécus et qui m'auraient pourtant beaucoup aidée. Qu'on m'explique plus tôt que trembler, pleurer et respirer très fort tous les lundis avant la piscine, ce n'est pas normal (d'ailleurs, porter une culotte par-dessus son maillot ça ne l'est pas non plus, quelle idée). Qu'on m'apprenne pour de vrai que personne n'est inférieur, ni moi ni les autres. Qu'on me lise Le Petit Prince. Qu'on m'aide à créer un herbier en allant régulièrement se balader en forêt. Qu'on essaie de me rentrer dans le crâne que la relation entre Edward et Bella n'est pas si saine que ça.
Après tout, cette vingtième année est peut-être le juste milieu. Celle qui permet de mêler l'enfant heureux que nous avons été et l'adulte épanoui·e que nous construisons. Aujourd'hui, je ne m'étale peut-être plus sur le gazon en prenant une chaise longue pour un fil tendu au-dessus de la mer du Fort, mais je n'attends plus après qui que ce soit pour m'apprendre que je n'ai pas moins de valeur que les autres.
A vingt ans, j'apprends tous les jours quelque chose de nouveau. J'essaie de me comprendre, de m'améliorer, de faire mieux que la veille et de me sentir tout aussi bien si j'ai finalement fait moins bien. Je comprends que je peux être indépendante. Je me connais mieux et suis plus à même de ne pas reproduire les erreurs du passé. En même temps, j'ai tant à apprendre que j'ai hâte de tomber encore mille fois.
Je ne sais pas si cette année est la plus belle à vivre, mais une chose est sûre : je me suis donnée toutes les clés pour qu'elle soit meilleure.

J'ai 20 ans.

Léa, 18 ans.


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