Je suis noctambule.

Publié le 02 octobre 2016 par Le Grain De Sel De Lola @Lola_Dusel
Scarlett JohanssonLost in Translation de Sofia Coppola

Mood du jour

Je suis d’une espèce très particulière : une marmotte insomniaque producto-torturée (j’invente des termes si je veux d’abord). Pouce vers le haut si vous vous reconnaissez là dedans ! Décryptage de cette espèce en marge encore trop ignorée.

Edward Norton – Fight Club de David Fincher

Le sommeil et moi


Je fais partie de ces gens plus productifs le soir la nuit (disons-le carrément). Il n’y a rien de plus frustrant pour moi que de me coucher avant minuit, et dans notre société à la gloire des plus productifs (=lève-tôt) c’est un vrai handicap. Parce que bien évidemment, je ne suis pas matinale non plus : j’ai besoin d’énormément de sommeil, sinon c’est pas drôle. L’idéal pour moi c’est 10H de dodo, mais je peux aller jusqu’à 11H sans problème (autant vous dire que la vie ne me le permet pas souvent). Quand il faut se lever à 6 ou 7H, je me retrouve avec 4H de sommeil dans les dents, ce qui crée déjà une certaine carence chez les gens normaux qui n’ont besoin que de 7 ou 8H alors vous imaginez sur moi… C’est inévitable : je suis complètement HS la journée quand il faudrait envoyer du pâté et, contre toute attente, l’énergie finit par se pointer comme une fleur dès 20H. Et c’est reparti pour un tour ! Jusqu’au jour où je peux dormir jusqu’à 11H/12H pour rattraper le bordel de la semaine. #VieSaine

Christian Bale The Machinist de Brad Anderson

Un individu au taquet dès l’aube me dirait certainement qu’il est dommage de ne pas profiter d’une matinée Ricorée à la lumière du jour… Merci mais le fameux get up, rise and shine très peu pour moi (malheureusement). Après avoir péniblement émergé je lui répondrais qu’à mes yeux il est tout autant regrettable de gaspiller une belle soirée. J’adore la nuit. C’est le moment où le vacarme urbain s’interrompt, le stress se dissipe, la ville fait une pause pour laisser place à nos pensées : le temps se fige et vous devenez la star. Je délaisse l’action matinale au profit de l’introspection nocturne. Est-ce que c’est mal ? En tout cas c’est comme ça. Pourtant j’essaie de doser ! Il m’arrive de me faire violence, de me mettre au lit plus tôt que prévu pour tenter de marcher parmi les vivants… Mais c’est souvent un fiasco. Dans le noir je réfléchis trop, je me tourmente, et ça c’est le second problème.

Les fautifs


  • La productivité – Comme je le disais, je suis plus inspirée – donc plus créative – le soir. Par exemple, contrairement à la plupart de mes camarades blogueurs, je rédige essentiellement mes articles la nuit (d’ailleurs il est actuellement 2H55 du matin, là j’abuse, voilà voilà). Je pense que le métabolisme de chacun y est pour beaucoup. Gamine je râlais déjà quand ma mère sonnait la cloche du coucher, et mon père avait l’habitude de rester éveillé jusqu’à 5H du matin : on ne se refait pas ! Y’a des gens du jour, et des gens du soir. Voilà tout.

Et puis beaucoup d’artistes ont fait de cet handicap un véritable atout ! Gustave Flaubert, George Sand, Marcel Proust, Franz Kafka… Et c’est pas moi qui le dis ! Non pas que je cherche à me justifier mais c’est quand même un bel argument =)

Bon. Je l’admets. Je suis aussi une très grande sérievore et ça n’aide pas. Dernièrement je me suis tapé en un temps record les deux saisons de Mr Robot. Je me laisse happer tellement facilement : un épisode… puis un autre… encore un dernier… et puis ZUT, je ne peux décemment pas m’arrêter sur un cliffhanger, je dois absolument voir la suite… Oh ?! Il est 5H, Paris s’éveille. GREAT. Pour en revenir à Mr Robot, je vous la conseille si vous êtes patient (ben oui, c’est une série qui ne dévoile pas ses intrigues WTF tout de suite, c’est pas Jack Bauer le mec), adepte des twists qui retournent le cerveau, et partisan des critiques sur notre si beau système. A mon sens les deux saisons sont très inégales, mais certains épisodes sont de véritables bijoux. Rami Malek et ses yeux globuleux sont excellents, et ça fait toujours plaisir de revoir Christian Slater qui se faisait bien trop rare. Pour vous résumer le truc sans trop en révéler, voici le topo de départ : un hacker antisocial et psychologiquement instable traque les méchants du web (cf épisode 1 avec un cyber-pédophile) et se rend compte qu’un type louche le suit. Ce dernier serait un super hacker et voudrait l’enrôler dans sa Team pour descendre une super puissance mondiale (E Corp). A partir de là notre héros est pris dans un engrenage politique/sociétal/psychologique captivant dont je tairai les enjeux. BREF. Quand mon corps ne tient plus, je file dormir et m’écroule d’épuisement. Enfin… Si je ne suis pas hantée par certaines pensées négatives…

  • Les angoisses – Lorsque je ne mets pas à profit mon inspiration, ma tête refuse le lâcher prise et elle fuse. Je cherche ma position, et quand j’en trouve une confortable je me mets à ressasser des scénarios improbables plus angoissants les uns que les autres. Et si Voldemort débarquait demain ? On serait bien dans l’ennui, après tout je ne suis qu’une moldue… Et si on me forçait à écouter Zaz en boucle jusqu’à la mort ultime ? Autant de questions redoutables qui me tracassent et me gardent éveillée… Vous vous doutez bien que les véritables questionnements sont en réalité beaucoup plus sombres et sérieux. Il s’agit de mes proches, de nos courtes et fragiles petites vies… Ce sont des angoisses qui me terrorisent et que je ne parviens pas à contrôler. Je pense beaucoup à la mort – sans doute parce que j’y ai été confrontée assez jeune – et suis terrifiée par le néant qui nous guette. J’y pense et mon coeur s’emballe. J’ai comme la sensation de tomber dans un gouffre, dans le vide. C’est insoutenable. Alors j’allume la lumière. Quand on y réfléchit, c’est un peu paradoxal. La nuit me stimule mais, confrontée à mes pensées les plus obscures, elle m’effraie tout autant. On se raisonne, on oublie, on bouquine, et on guette l’épuisement pour finalement s’écrouler de fatigue. C’est toujours la même histoire. On évite d’y penser, de se torturer, on s’illusionne, et on recommence inlassablement la même mascarade. C’était l’instant dépressif. Merci, bonsoir !

Résumons. Puisqu’il faut bien rentrer dans une case, je ne suis pas l’insomniaque format standard qui dort 3H et se réveille spontanément au beau milieu de la nuit. Je suis une noctambule producto-torturée (oui oui je réitère la formule) qui trouve les journées bien trop courtes pour les clôturer avant minuit et dormir seulement 6H.

Qu’on nous donne plus de temps bon sang ! Plus de temps pour vivre, et plus de temps pour dormir en conséquence…

Plus de temps…


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