Interview Beauté | Noëlla Coursaris Musunka, le mannequin philanthrope

Publié le 28 janvier 2016 par Missbb

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Noëlla Coursaris Musunka est mannequin et fondatrice de la Georges Malaika Foundation. Née au Congo d'une mère congolaise et d'un père chypriote, elle a commencé sa carrière pour la marque de lingerie Agent Provocateur. Noëlla a figurée dans plusieurs magazines de mode dont Vaniy Fair, Arena Magazine et Arise Magazine. Elle a été l'égérie de marques comme Organic roots Stimulator ou Black Opal. En parallèle de sa carrière de mannequin, Noëlla créé la Georges Malaika Foundation, un organisme de charité qui valorise les jeunes filles congolaises et leur communauté au travers de l'éducation.

Pourquoi as-tu décidé d'être mannequin ?
Beaucoup de gens m'arrêtaient dans la rue pour faire du mannequinat en Suisse. Mais pour moi c'était important d'étudier pour avoir un bagage. Je suis venue à Londres pour apprendre l'anglais et là encore beaucoup de gens m'arrêtaient pour faire du mannequinat. Des copines m'ont inscrit au concours pour être l'un des visages d'Agent Provocateur, la fameuse marque de lingerie. J'ai été sélectionnée pour leur campagne et c'est cela qui a lancé ma carrière de mannequin.

Ces prochaines années, je voudrais être le visage d'une ou deux marques qui croient en l'Afrique, qui croient en la beauté naturelle et qui veulent investir dans le commerce équitable en Afrique.

Penses-tu qu'il y a du racisme dans la mode ou de la discrimination envers les mannequins noirs ?
Je pense que ce n'est pas facile, mais ce n'est pas facile pour les filles africaines, pour les filles indiennes et asiatiques. Mais de plus en plus, on voit des visages de plus en plus ethniques qui viennent sur les podiums, dans les magazines. On voit de plus en plus des actrices de descendance africaines. Je pense que le monde s'ouvre. Mais c'est aussi à travers ta personnalité, ton travail, ton acharnement au travail que tu peux réussir. C'est important de briser ce cap du racisme.

Il y a une grosse évolution dans la mode, dans l'art, le cinéma. Je pense que si l'on compare dix ans avant et maintenant, il y a un grand changement. Et je pense que l'on doit pousser pour que le changement continue.

La mode se diversifie beaucoup. On a pu voir des mannequins albinos, un mannequin atteint du vitiligo et un mannequin trisomique défiler. Que penses-tu de ces changements ?
La mode doit être ouverte à toutes les races et à tous les looks. Il faut inspirer. Je pense que l'inspiration est très importante. Et je pense que c'est ce que les designers ont compris. Mais je suis contre le phénomène d'être très mince et de refléter cela.
Mon désir dans la mode c'est de voir de plus en plus de designers africains avec plateforme à échelle mondiale. C'est-à-dire qu'ils peuvent montrer leur collection à la Fashion Week de New York, de Milan ou de Paris. Et surtout, qu'ils puissent vendre. Il n'y a pas de plateforme online. C'est difficile de trouver leur habit dans des Selfridges, Harvey Nichols ou des Sacks 5th Avenue ou Bloomingdale. Ce qui est important c'est d'investir dans la mode africaine, mais aussi qu'on ait des usines en Afrique.

C'est important qu'on donne du travail on Afrique, qu'on explique ce qu'est le textile, comment on va sortir nos collections...
Il faut que la mode africaine soit reconnue mondialement.
Je crois en Afrique, je crois au talent africain et je pense qu'on doit travailler ensemble.

Pourquoi avoir créé ta fondation ?
C'est par rapport à mon histoire. Mon père est décédé quand j'avais 5 ans. Ma mère n'avait aucun moyen de me garder. Elle m'a envoyé en Europe où j'ai grandi avec ma tante en Belgique et avec une autre tante en Suisse. A 18 ans, j'ai été revoir ma mère au Congo. Elle était très pauvre, dans une situation pas facile. Et je me suis promise non seulement d'aider ma mère mais aussi de faire quelque chose pour mon pays.

Et je pense que c'est très important d'investir dans la femme, d'investir dans l'éducation, de lui donner un rôle plus grand en Afrique, d'inspirer les filles, de créer une fondation ou elle vont apprendre et où elle vont inspirer les génération à venir. Je pense qu'en éduquant une femme, vous éduquez une nation complète.

L'équipe internationale est bénévole, on a deux projets principaux. Une école pour jeune filles, dans laquelle les filles commencent à l'âge de 5 ans, on leur offre deux repas par jour, une éducation, des cours d'informatique, de musique, de théâtre d'anglais et on a un centre communautaire avec la Fifa dans lequel on éduque la communauté, on leur donne des cours d'alphabétisation, de santé.

Notre fondation est à Kalebuka, au sud-est du Congo. On a choisit ce village car c'était celui qui le voulait le plus.

Comment prends-tu soin de ta peau ?
J'utilise beaucoup de produits naturels. Deux fois par semaine, j'applique de l'orange et du citron sur ma peau à l'aide d'un coton. L'orange donne de la brillance et rajeunit la peau. Le citron nettoie bien la peau, c'est comme un toner.

C'est très important de nettoyer son visage le soir et de mettre une crème de nuit et une crème pour les yeux. Le matin, je lave mon visage et je le rafraîchis avec de l'eau froide. J'utilise du bon maquillage, j'adore Black Opal et Bobby Brown.


Chaque marque a un produit fétiche que ce soit le rouge à lèvres, le mascara ou le crayon. J'adore les rouges à lèvres Yves Saint Laurent et Chanel. Si vous regardez dans ma trousse de maquillage, il y a toutes les marques dedans.

Quels sont les produits de maquillage indispensables que tu mettrais dans ta trousse de toilette pour sortir ?
Ma poudre, mon rouge à lèvres, mon mascara, un crayon et un fard à joue.

Les mannequins portent beaucoup de maquillage pour les photoshoots et les fashion shows. Quel conseil donnerais-tu pour conserver une belle peau ?
Avoir 8 heures de sommeil mais le plus important c'est de se démaquiller. Et quand il n'y a pas besoin de porter de maquillage, n'en portez pas. Dans les séances photo et les interviews, on met tellement de maquillage, on utilise différentes marques, différentes textures sur votre visage que celui-ci a besoin de respirer.

J'essaye vraiment d'utiliser des produits qui soient le plus naturel. Je fais un masque une fois par semaine et je vais au spa une fois par mois pour faire un bon peeling sur mon visage.

Tes cheveux sont naturels ou défrisés ?

J'ai arrêté de défriser mes cheveux depuis 1 ans et demi. Donc je les laisse pousser naturellement. J'utilise l'huile Kerastase deux fois par semaine qui nourrit le cheveu.


C'est très important d'utiliser un conditioner et je fais un masque deux fois par mois.
De temps en temps, avant de laver mes cheveux, je mets de l'huile d'olive sur mes cheveux que je laisse pendant une heure. Après cela, je lave mes cheveux et je mets le conditionner pendant vingt minutes.

Pourquoi as-tu arrêté de te défriser les cheveux ?
Parce que tu as l'impression d'être esclave du défrisage, c'est-à-dire que dès que tu commences le défrisage, tous les 2 ou 3 mois, tu es obligée de te défriser.
Tu dois faire attention au défrisage, à la couleur, aux fers chauds que tu utilises sur tes cheveux. J'avais besoin que mes cheveux respirent, qu'ils soient plus solides. Et depuis que j'ai arrêté le défrisage, mes cheveux sont beaucoup plus fermes, beaucoup plus vivants.
Un conseil que je donne à toutes les filles et toutes les femmes, c'est d'utiliser le moins de produits chimiques sur le cheveu et d'utiliser moins de mèches. Quand j'étais jeune, j'utilisais beaucoup de mèches, malheureusement les mèches, les tissages cassent beaucoup les cheveux.
J'encourage la beauté naturelle. N'utilisez pas tous ces produits qui font blanchir la peau. Utilisez des bons produits, des produits naturels.

Que penses-tu de la dépigmentation ?
C'est un grand problème qu'on a en Afrique, tous ces produits éclaircissants. C'est très important de ne pas commencer avec ces produits car dès que vous commencez, votre peau en redemande et votre peau devient de plus en plus sèche. Et cela laisse des grosses marques.
A long terme c'est extrêmement dangereux, c'est cancéreux. C'est quelque chose qui me tient à cœur. Quand je vois des filles de 14/15 ans qui commencent à utiliser ces produits sur leur visage ou sur leur mains et c'est horrible.

Moi aussi j'ai des problèmes de peau, j'ai des boutons. Et un autre problème qu'on a, nous les femmes africaines, c'est de toucher nos boutons. Quand vous avez un bouton, ne le touchez pas. Mettez un peu de jus de citron sur un coton et appliquez-le sur le bouton pendant 2/3 minutes, ça va bien le dessécher et ca ne va pas laisser de marques.

Quelles sont tes coiffures préférées ?

J'adore laisser mes cheveux naturels après m'être lavé les cheveux.
J'utilise un fer chaud quand je fais une interview ou quand je fais une séance photo.

Les cheveux des mannequins sont souvent maltraités durant les défilés de mode. Quels conseils leur donnerais-tu ?
Avoir des mèches, des tissages c'est un peu la solution. Mais il faut le faire avec dosage car ca casse les cheveux. Je vois la différence dans toutes ces séances photos ou on me mettait les mèches et maintenant je prône qu'on utilise plus de cheveux naturels. Beaucoup de personnes portent des perruques.

Que penses-tu du fait que les femmes portent de plus en plus leurs cheveux naturels ?
C'est génial. Je penses que dans tout ce qu'on fait et dans tout ce qu'on est on donne l'exemple à la prochaine génération. C'est très important qu'on montre à la génération à venir qu'il faut s'accepter comme on est avec notre beauté, nos défauts, nos qualités. Si tu as un cheveu crépu, tu as un cheveu crépu et t'essaye de le travailler. Il y a plein de looks que tu peux faire, tu peux faire des tresses, tu peux utiliser des fers chaud, tu peux mettre des bigoudis le soir pour avoir du volume.

As-tu un conseil de beauté pour les femmes africaines?
Nos peaux noires sont très sensibles, donc dès qu'on est au soleil, il faut mettre une crème protectrice, avec un SPF minimum 15.

Niveau maquillage, il faut appliquer ton fond de teint et rajouter une poudre. La poudre est très importante à cause des reflets du soleil en Afrique.

Pour avoir plus d'information sur la Georges Malaika Foundation, rendez-vous sur leur site : www.gmalaikaf.org