Ce soir, je me glisse sous ma couette, j'ai froid, je suis fatiguée, harassée mais vivante.
J'aimerais dormir mais mon esprit divague, vers ces images, vers l'horreur que vous avez vécue ce week-end, que nous avons vécue ce week-end.
Je ferme les yeux et les coups de feu résonnent dans mon crâne, les vidéos dont les informations nous martèlent tournent en boucle et je frissonne. Je regarde dans le vide et je me réjouis d'être vivante. Vivante mais fanée, cassée, quelque chose s'est fissuré et je soupire, essayant d'imaginer la peine que les proches, les blessés peuvent ressentir, rêvant de pouvoir la leur prendre, les soulager, rien qu'un peu.
J'ai allumé une bougie avant d'aller me coucher et pourtant, je me sens impuissante, incapable d'aider autrement qu'en étant solidaire, en pensant, en me recueillant, en continuant de vivre, pour deux, pour cinq, pour tous ceux qui se sont envolés et qui planent, là haut, où la misère et la violence n'existent pas.
Je ne quitte plus ma télévision, dans l'attente de nouvelles informations et j'observe, sidérée, les médias interroger des proches, des parents, fragiles, sous le choc et puis je souris, face à toutes ces images de solidarité, face à toutes ces bougies qui scintillent, à tous ces dessins, à la Marseillaise qui s'élève, plus belle que jamais et le monde entier, se donner la main, pour être plus fort.
« Ils ont essayé de nous enterrer,ils ne savaient pas que nous étions des graines. »
proverbe mexicain.
Juste un besoin d'écrire, prenez soins de vous, de vos proches, vivez, vivons pour toutes ces jolies âmes qui se sont envolées.