Tumeur 0 - 1 Jenny | Mon Histoire

Publié le 31 août 2015 par Myfairjenny @MyfairJeny

Il m'a fallu du temps avant de me décider à publier cet article. Peu d'envie de voir mon intimité publiée sur le net, mais la possibilité que ne serait-ce que l'une d'entre vous en le lisant, décide de se faire dépister m'a finalement convaincue. J'espère donc que vous serez nombreuses à lire cet article, qu'il vous aura informées au moins et peut-être sauvé la vie. Je vous arrête illico, il n'est pas destiné à faire pleurer dans vos chaumières mais simplement parler de quelque chose d'important, car j'estime que ce blog est aussi là pour ça. Et je vais vous parler, à travers mon histoire, de celle du Cancer de l'Ovaire.
Avant tout, je ne suis pas médecin, ni infirmière, ni dépressive, ni en quête de nouvelles abonnées; et je ne force personne à lire cet article. Si j'ai choisi de vous parler de mon histoire sur le blog (et donc à la vue de tout le monde) c'est simplement pour vous informer et peut-être vous inciter à vous faire dépister.
Rappel des faits, brièvement. J'ai 25 ans, et je suis en couple avec Chéri depuis 6 ans. Nous sommes propriétaires d'une jolie petite maison faite par nos bras et ceux de nos proches (surtout) et sommes très heureux. Néanmoins, cela fait 2 ans et demi que nous essayons d'avoir un bébé tous les deux, en vain.

Deux ans et demi, c'est très peu pour certains. Mais ramené au nombre de cycle (et donc de "peut-être que c'est bon cette fois") cela fait plus de 25 désillusions. Et ça commence à faire.

Bref, après plus de 2 ans d'essais et moulte examens et consultations chez des "spécialistes", Chéri & Moi écoutons leurs conseils et nous dirigeons vers les FIV (Fécondation In Vitro).
La Nouvelle gynéco nous demande de refaire plusieurs examens de contrôle avant de lancer la procédure. Elle remarque lors d'une échographie que j'ai quelque chose qui ne va pas sur l'un des ovaires. Elle me demande de faire des examens complémentaires en urgence : prise de sang et IRM.
Quelques jours après les résultats sont clairs : il y a des cellules dans ce qu'elle pensait être un kyste ce qui élimine ce diagnostic. La prise de sang indique que le marqueur de cellules cancéreuses CA125 est à 164 au lieu de <24 (de mémoire). Le deuxième diagnostic tombe : c'est une tumeur cancéreuse.

A ce moment-là, aussi étrange que cela puisse paraître, je me sens soulagée. Soulagée car nos échecs n'étaient pas dû à un blocage psychologique. Il y a une raison médicale. Ce n'est pas ma faute.
Mais ensuite on commence à vous expliquer la suite des événements, et l'inquiétude commence à arriver, bien qu'encore plutôt confiante à ce moment-là.
Ce cancer est aussi appelé le Tueur Silencieux. Il n'est que très peu diagnostiqué dans le Monde, mais a un pourcentage de décès de 70% à 80%  car généralement détecté bien trop tard, à des stades bien trop avancés. C'est le Cancer gynécologique qui a le plus faible taux de survie.

Ce type de cancer n'a que très peu de symptômes. Il contente de se former en douce sans que vous ne vous en aperceviez, et grandit tranquillement (ou pas) en vous. Pour ma part, lorsque j'ai fait ma 1ère échographie pelvienne, 2 médecins ont vu que mon "truc à droite est tout bizarre" mais Monsieur le Gynéco N°1 n'a pas jugé important ni vital à ce moment-là, de faire des examens complémentaires.
Lorsque nous sommes allés le voir après le cap des 2 ans, nous lui avons fait part de notre souhait de vouloir passer à l'étape supérieure. J'ai bien essayé de lui dire que depuis quelques mois (6-8 mois environ) je ressentais une douleur, en bas à droite, sous l’aine, notamment pendant la période d'ovulation; mais Monsieur le Gynéco N°1 n'a là non plus jugé utile de m'écouter en me répondant simplement "on verra ça plus tard", très pressé. Et en effet, je sentais que cela me "tirait" de plus en plus, et de façon très localisée à droite.
Bref.
Lors de notre rendez-vous avec Madame la Gynéco N°2, celle-ci m'a bien écoutée, elle m'a demandé la durée moyenne de mes cycles (26 jours) en me demandant s'ils avaient toujours été si courts. Je lui réponds que oui, elle complète alors en me demandant la durée de mes menstruations, auquel je réponds "Généralement 6 à 8 jours mais depuis quelques mois (2-3) je dirai plus 2 ou 3 jours max, très foncées et plutôt odorantes même (*Welcome in a Glamour World*)". Elle ne répond rien et note toutes ces infos dans mon dossier.
Si je précise ces infos, c'est que peut-être elles étaient des symptômes, des signes de mon corps pour m'alerter et me dire que quelque chose n'allait pas. Mais je n'en ai pas la certitude.
Alors comment ce Cancer a pu se former en moi ?
Simplement. Lors de nos cycles féminins, nos deux ovaires produisent des follicules. Ces follicules sont de petites cellules qui "pondent" les ovules. Plus nous en produisons et plus elles sont grosses, plus nous aurons d'ovules viables. Vous me suivez ?
Cependant, il existe des cas, où vos follicules ne se désintègrent pas une fois l'ovule pondu. Elles deviennent alors des micro-kystes qui soit s'autodétruisent dans quelques secondes, soit grossissent et se développent. Les kystes ovariens sont plutôt courants et souvent bénins. Une simple opération chirurgicale permet de les retirer.

Dans mon cas, le kyste s'est avéré tumoral. A ce moment-là la seule procédure à suivre est la chirurgie. Il faut ouvrir sous cœlioscopie (on fait 3 trous, on gonfle le ventre, on voit et on agit en fonction). Soit les cellules cancéreuses sont concentrées sur un seul ovaire (Stade 1), soit elles sont aussi sur le second ovaire (Stade 2), soit elles sont dans toute la cavité pelvienne (Stade 3). Évidemment il peut aussi y en avoir en dehors de la cavité pelvienne. Dans ces deux derniers cas, ce n'est pas bon.
C'est lors de la cœlioscopie que l'on peut voir exactement où se situent les cellules cancéreuses et pour moi voici ce qui m'attendait :
- Stade 1 : on retire complètement l'ovaire malade
- Stade 2 : on retire les deux ovaires
- Stade 3 : on retire les deux ovaires et l'utérus
Ces opérations peuvent être accompagnées d'un traitement complémentaire (Chimio, rayons etc.) en fonction du stade et de l'évolution du cancer. Il faut savoir que le Cancer de l'Ovaire est, en plus d'être le plus meurtrier, le plus récidiviste. Aucun doute ne doit subsister c'est pour cette raison que l'ablation des organes malades est indispensable à la survie.
Dans mon cas, aucune cellule cancéreuse n'a été détectée en dehors de l'ovaire droit. Lors de la cœlioscopie, cet ovaire malade a donc été entièrement retiré. Les 1ers résultats d'analyse étaient rassurants, la biopsie a montré que la tumeur était finalement "border-ligne" c'est-à-dire qu'elle était en train de devenir cancéreuse. Cette tumeur mesurait finalement 8,5cm contrairement aux 5cm annoncés à l'IRM.
Etant donné le stade de la tumeur, les médecins préfèrent me ré-opérer. Ce cancer étant le plus récidiviste, ils ne veulent prendre aucun risque. On décide alors de me retirer l'appendice et la masse graisseuse située sur le péritoine, qui est un tissu éponge situé en bas du ventre. Si le cancer devait revenir il irait se mettre ici et le ferait rapidement.
Je dois donc me refaire opérer à la fin du mois mais à priori ce sera la dernière opération. Je serai ensuite suivie de très près pendant un an : échographie et prise de sang tous les 3 mois. Si le cancer devait revenir il reviendra à priori pendant cette année. Une fois le délai passé, les médecins auront plus de recul et nous autoriserons à reprendre nos essais.

Mais je dois avouer que j'ai eu énormément de chance dans cette histoire. Si nous n'avions voulu un enfant qu'à nos 30 ans, j'aurai été condamnée. Ce cancer est souvent héréditaire et a un taux de survie de 90% lorsqu'il est diagnostiqué à temps. Généralement il ne survient que chez les femmes de plus de 55 ans, ménopausées, et très peu chez les jeunes femmes. Peu de symptômes vous alertent, seule une échographie pelvienne permet de détecter la formation de kyste au niveau des ovaires. Le frottis n'est donc pas suffisant. J'invite fortement les femmes de ma famille à aller se faire dépister.
Les cellules de ce cancer sont aussi associées au Cancer du Sein. Une femme sujette à l'un des deux doit donc être particulièrement vigilante et suivie.
J'ignorais l'existence de ce Cancer avant que l'on me le diagnostique. Je n'aurai jamais cru que cela pouvait m'arriver. Par ce post, j'espère vous informer sur l'existence de ce tueur silencieux, et je vous invite à être particulièrement à l'écoute de votre corps. Certes aujourd'hui j'ai laissé un ovaire dans la bataille, mais je suis en vie et cela ne m'empêchera pas de porter un enfant. La cicatrice me rappellera tous les jours du reste de ma vie, que notre désir de parentalité précoce m'a sauvé la vie.
J'espère que vous aurez lu jusqu'ici, et que mon histoire vous aura informée sur cette maladie. Si vous avez des questions surtout n'hésitez pas à me les poser, j'essayerai du mieux que je le peux de vous répondre.
Pour toutes celles qui ont appris qu'elles étaient atteintes de ce cancer, celles qui sont en combat contre lui, ou celles qui l'ont vaincu, je vous embrasse et vous admire,
Jenny.
Sources (Statistiques, évolution) :
Centre François Baclesse (Caen) : Cancer de l'Ovaire
Cancer de l'Ovaire - Canada 
E-santé : Cancer de l'Ovaire Quels Symptômes ?
Journée Mondiale du Cancer de l'Ovaire : 5 faits que tout le monde devrait connaître
Illustrations Humoristiques :
Je veux un bébé