Au lycée, les camarades de classes raillaient "Vous vous mettez quand ensemble ?", "Tu sors toujours pas avec lui ?". A croire que deux personnes de sexe opposés ne peuvent être simplement amis, qu'elles ont l'obligation de se mettre ensemble à cause de cela. Mes sentiments envers lui n'étaient qu'amicaux, fraternels. On était ami, il n'y avait rien de plus. Alors oui, l'amitié fille/garçon, j'y croyais.
L'année s'est écoulée, je suis passée en 1ère et lui a redoublé la seconde, on se voyait quand même, au parc à côté de notre lycée. Un jour, suite à une ballade où il m'avait embrassé plusieurs fois dans le cou, il m'a dit "On peut pas continuer comme ça... Soit on continue en tant que couple, soit on s'arrête là". Je ne savais pas vraiment quoi dire, mais on a continué.
La suite de l'histoire ? Elle a été fusionnelle, passionnelle, on voulait faire comme les grands; se marier, avoir des enfants. On était notre première histoire sérieuse et on a fait les choses trop vites - certainement les hormones de l'adolescence... Je suis tombée en dépression, j'avais 16 ans, mes parents étaient un peu trop strictes avec moi, j'ai commencé à faire des erreurs dont je vois encore les marques aujourd'hui, 6 ans plus tard. Bien sûr, il a rompu. Tout contact a été coupé. J'ai perdu du poids, des cheveux, ajouté des marques sur mes bras... Il m'a fait aussi mal que notre histoire a été forte.
Mon année de Terminale, je l'ai passé seule, à le regarder avec une autre, à me faire du mal. J'étais vraiment prête à tout pour lui, ne plus aller dans mes travers... Mais il ne faisait plus attention à moi. En fait, j'attirai l'attention de tout le monde, sauf la sienne, celle que je voulais. Les gens me disaient qu'il avait changé depuis notre rupture, qu'il n'était plus le même. Et je l'ai oublié à mon tour...
3 ans plus tard, on s'est recroisé pas mal de fois dans mon ancienne ville universitaire. C'était assez étrange... Il a repris contact via les réseaux sociaux avec moi en disant qu'il trouvait ça bizarre qu'on se croise tout le temps. Puis on se reparlait, il était encore avec sa copine, on se racontait notre vie, comme avant. Mais il éprouvait encore de la rancœur à mon sujet, il semblait éprouver des regrets sur la fin de notre histoire. On se parlait jusqu'à tard le soir, comme avant. Puis, plus rien. Ça aurait pu s'arrêter là...
Il y a quelques mois, il est revenu me parler, je jouais les distantes, je ne voulais pas m'attirer d'ennuis. Et la nouvelle est tombée: il n'était plus avec elle. Bizarrement, la rancœur était passée de son côté, il était vraiment redevenu comme avant, comme au début. Le même qu'en seconde. On s'est revu, face à face dans un train. Il a commencé à caresser ma tête. C'était naturel. Et à la fois, on a senti une mini décharge électrique. C'était étrange, mais j'étais tellement heureuse d'avoir retrouver un ami, de l'avoir retrouver lui, notre complicité...
"Un câlin pour se pardonner tout le mal qu'on s'est fait"
Depuis, on se reparle parfois. J'ai peur de retomber dans mes travers. En tant qu'ami, il est ce que je peux trouver de mieux, mais en amour, il a fait ressortir le pire de moi-même. Aujourd'hui, c'est un peu comme si nos mauvais moments avaient disparus. Mais dans ma tête une petite voix me dit qu'il représente le mal et malgré cela, j'ai besoin de lui, en tant qu'ami. J'ai besoin de le voir, de lui parler, de notre complicité. C'est plus fort que nous, c'est un besoin.
Il est le seul ami au masculin que j'ai eu. Même s'il y a eu de l'attirance entre nous, je pense que c'est notre amitié qui a eu le dessus malgré ce qu'il s'est passé. Donc à la question "l'amitié fille/garçon existe-t-elle ?" je dirais encore oui mais en apportant quelques précisions. Car je pense que tout dépend de la personnalité de chacun, du sentiment qui prend le dessus dans le duo. L'amitié peut être plus ou moins forte et peut évoluer en amour avec le temps.
Mon cas est assez spécial, c'est pour ça qu'on se définirait plus comme "complices", car c'est ce qui nous définit le mieux. Je ne sais pas comment ça évoluera, si ça se terminera ou non un jour. Mais avant toute chose, avant de tomber amoureux, nous avons été amis.