De la 1ère bouffée à une paquet par jour: l'addiction
La première cigarette que j'ai fumée, je l'ai trouvée infecte, dégueulasse, gerbante, mauvaise. " Comment font-ils? " me demandais-je.
J'étais en 3ème, je crois. Assez rapidement, je suis devenue fumeuse.
Le dégueulasse-infecte avait posé ses valises dans mon existence, presque à mon insu.
Ce goût de mort puant et étouffant m'a accompagné dans tous les moments de ma vie. La cigarette m'a tenu la main dans mes joies, mes peines, les soirées avec les copains, le café du matin.
D'une clope après manger, à une avant de manger, à l'autre avant de dormir ou celle au lever, j'ai rapidement fumé 20 cigarettes par jour: entre 10 et 15 dans les journées calmes, plus d'un paquet si je sortais. Ou que je stressais.
Pendant environ 20 ans.
Un nuage de culpabilité
T'imagine, 20 ans à culpabiliser sur chaque bouffée. Enfin pas tout à fait.
Une fois que je me suis habituée à l'infect et au puant, j'ai pris plaisir à fumer. Puis passé 10 cig' par jour, j'ai commencé à la détester.
Au point de ME détester.
Et j'ai continué, pendant des années, à détester fumer quelque chose qui me faisait me détester. Détestable!
Et plus je voulais m'émanciper de ce fléau, plus je fumais: complètement paradoxal pour un non fumeur.
" Bah tu veux arrêter, tu arrêtes, logique! " .
Pour un drogué, l'histoire du " tu te mets un coup de pied dans le cul et tu cesses tes conneries " ne fonctionne pas. En tout cas pas tout à fait comme ça. La jouissance morbide ne s'envole pas sur un simple coup de pied annal. Elle nécessite une réflexion plus profonde.
La cigarette est une drogue dure. Au début, on l'aime. Au bout d'un moment, on rêve de POUVOIR la supprimer alors même que l'on fait le tour des tabacs du quartier à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit pour en acheter.
Les vapeurs de désintox
J'étais complètement accro.
Pourtant, depuis des années, je ne voulais plus fumer.
Cette idée a germé dans ma tête. Pendant des mois, des années. JE NE VOULAIS PLUS FUMER.
Mais j'avais peur.Comment allais-je survivre à une journée sans elle? Un dîner sans elle? Un petit-dèj sans elle? Papoter sans elle? Le téléphone sans elle? LA VIE SANS ELLE?
J'écoutais les ex-fumeurs raconter leur arrêt comme des rescapés de guerre, rêveuse. Rêvant moi aussi d'arrêter. SOUHAITANT PROFONDÉMENT CESSER. Et j'en allumais une.
Substitution et désillusion
Pendant 4 jours, j'ai vapoté la e-cig. Et pas une clope.
Le 5ème jour, j'ai fumé 10 clopes, et plus jamais la moindre bouffée d'électronique.
Elle me rappelait trop à quel point fumer ne sert à rien. Qu'à faire partir sa vie en fumée. Qu'à culpabiliser. Qu'à être drogué. A rien. C'était dégueu. Mais pas assez fort. Alors hop une bonne vieille cigarette qui agresse ma gorge. Ahhh, ça va mieux!
Tant que la cigarette était synonyme de puer et me faire puer, je supportais l'insupportable.
Seulement, j'ai commencé à être essoufflée, souvent. Mon coeur battait très vite, souvent. Je faisais du sport avec difficulté. je fumais trop. Je n'en pouvais plus. J'étais coincée, prise dans des paradoxes qui me dépassaient moi-même. Souhaiter en griller une tout en me rêvant non fumeuse. J'étais devenue un oxymore à moi toute seule. Une figure de non-style, un anti-héros. Une droguée.
Une séparation
Je venais de faire une séance de cardiotraining, il était 18H30.
A 20h, j'allais descendre au tabac.
Puis je me suis regardée en face. Sport ou fumerie intense, il était temps de choisir. Mon choix, je l'avais fait depuis longtemps. Depuis longtemps, je préparais le terrain.
Mais si je m'étais dit que samedi à 20h j'arrêtais, j'aurais pris peur. Laissant mon désir derrière moi. Alors cet arrêt, je l'ai préparé dans les coulisses de l'inconscient.
A 20h, je ne suis pas descendue.
Le lendemain, j'ai fait mon footing et mon renforcement musculaire. Encore essoufflée, mais légère.
C'est fini, je ne fume plus. C'est dur. J'ai grossi. Je dors mal. Je suis en manque. Mais mon rythme cardiaque a baissé. Je suis calme et apaisée. Plus de crises de tachycardie. Mes temps de running se sont améliorés. Je fais du sport tous les jours. Je suis fière. Je sens bon. Je suis libre.
Je suis une ex-fumeuse, depuis un mois.
Ça n'est peut-être rien pour certains. C'est le début d'une nouvelle vie pour moi.
Parce que j'ai compris que ma volonté est plus forte que toute habitude. Et ça, ça vaut une vie.
Merci d'avoir lu ce bout de jardin intime que j'ai osé mettre en ligne aujourd'hui.
N'hésitez pas à me raconter, à votre tour, votre rapport à la cigarette: Vous aimez fumer? Vous détestez les fumeurs, les trouvant puant et ridicules? On s'en grille une? Ou on vapote? Je vous écoute!
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