Je me demande, non mais je me demande vraiment où est passée cette jeune fille pleine de rêves et d'ambition, très bonne élève, qui voulait sauver la planète, être reporter, journaliste, monter sur scène, écrire des romans. Cette jeune fille, elle est restée tapie au fond de moi, mais la femme que je suis devenue a un travail ennuyeux dans l'administration, n'est jamais sûre d'elle surtout face à des wonderwomen qui ont une confiance en elle insubmersible. A quoi ça tient cette fichue confiance en soi ? Est-ce qu'on la retrouve dans les gènes ? Je ne sais pas, mais moi je ne l'ai jamais eue.

Ce soir, il a suffit d'un coup de fil de Mélanie, pour me sentir inférieure et godiche. Mélanie c'est la nana qui réussit tout et qui aime bien en parler. Elle travaille avec des enfants handicapés et vient de décrocher une promotion. Elle est ravie, son travail la passionne, elle va avoir une voiture de fonction et bla bla bla. Après 20 minutes à parler d'elle, elle me demande (enfin) si chez moi ça va au boulot. Réponse : oui, merci ça va bien.

Qu'est-ce que j'aurais bien pu ajouter ? J'ai passé la journée à attendre que cette foutue horloge avance plus vite pour que je prenne l'air et que je me secoue pour évacuer cet ennui quotidien qui m'étouffe. Ou j'aurais pu lui raconter que la tâche la plus passionnante aujourd'hui a été de garder les yeux ouverts pendant les trois heures de réunion qu'on a subie aujourd'hui. D'ailleurs, au passage, je conseille ce genre de réunions à tous les insomniaques de la terre.

Mais c'est terminé, je vais me noyer dans des énergies positives. J'ai décidé de piétiner mon foutu complexe d'infériorité, de combattre ma timidité, de reprendre ma vie professionnelle en main, de piétiner mes peurs et mes angoisses. Et surtout, surtout je vais rechercher cette jeune fille pleine de rêves et tenter de lui faire plaisir.

Je vous souhaite une belle nuit,