Il fut une époque où… Une époque où la nudité, le porno et l’érotisme avaient des plages horaires: on pouvait choisir de les regarder ou pas. C’était le film érotique qui suivait Culture Pub sur la Six. A minuit, on savait qu’il fallait détaller de la TV. (ou « garder la télécommande bien calée dans la main gauche », comme en témoignent les nostalgiques des années 80…). Alors bien sûr, on avait des clips sulfureux comme Libertine de Mylène Farmer où elle montrait intégralement son sexe (non épilé, so vintage!). Mais c’était la vidéo événement de l’année, voire de la décennie. Puis il y a l’époque où… L’époque où le Porno devint Chic et se glissa, doucement, mais sûrement, dans les pages du Figaro Madame ou du Elle. Une époque où Madame qui s’approvisionnait chez Dior ou Gucci était représentée par des publicités de jeunes gens mimant le coït le temps d’un cliché, avec le dernier it bag à 2000€ en guise de vibromasseur. Il y a aussi eu l’avènement du rap, et les Snoop Doggy Dogg qui avaient trouvé toutes sortes de noms d’oiseaux pour décrire les femmes. NTM mettait la fièvre aux Bitches, et Sean Paul nous avait ramené les sexy gals et les pompom shorts de sa Jamaïque natale. Les femmes au fessier et à la poitrine siliconés prenaient de plus en plus de place sur nos écrans. Mais les bouches humides et les strings résilles se cantonnaient au rap, à la dance-hall naissante en Europe et aux magasines féminins huppés. Miley Cyrus et consorts, faute de jouer les Hannah Montana pour Disney, suçaient encore leurs pouces. Quand le porno et la nudité dépassent le chic pour devenir une industrie Mais les Miley Cyrus au sourire ultra bright et toujours chaperonnées par leurs mamans ont grandi. Faisant grandir, par le même occasion, le temps d’audience de la pornographie. Regardez, pendant une demie-heure, une chaîne musicale. Vous y verrez Miley Cyrus léchant langoureusement un marteau, cassant les murs en petite culotte. Où même Queen B qui est tellement Drunk in love qu’elle nous livre une véritable démonstration de charme pour vendre sa chanson. Le sexe fait tout vendre: les chanteuses l’ont bien compris, alors, en plus de vendre leurs voix, elles vendent aussi leur silicones, leurs muscles, leur fesses, leurs corps. JLo nous fait oublier la mélodie de sa chanson tant on est hypnotisé par son « Big big booty » tandis que Lady Gaga mime l’ orgasme dans son clip. Lady Gaga, une chanteuse à voix Ces clips sulfureux signent-ils la libération de la femme? Ou la figent-ils dans le rôle de la poupée gonflable? La pornographie a toujours existé. Et l’acte sexuel est l’essence même de notre existence sur Terre. Seulement, on ne fait pas l’amour au milieu de la circulation, ou pendant un dîner de famille, ou lors d’une entrevue avec notre boss. Cet acte est de l’ordre de l’intime, il a ses cadres réservés et ses limites. Histoire que la société ne ressemble pas à un baisodrome public. Les nudistes ont leurs zones dédiées, ils le respectent et le comprennent. Alors pourquoi les clips où la nudité et les actes sexuels sont montrés prolifèrent-ils, à n’importe quelle heure, sur nos télés? Pourquoi, tout comme les films, n’ont-ils pas la mention de l’âge à partir duquel ils peuvent être regardés? La sexualité est partout, banalisée et monétisée. Je me demande quelle idée se font les jeunes de l’acte sexuel en voyant ces clips? On twerk, on fait des moues de pin-up écervelée et on devient riche? En 2010, Erikah Badu a fait un clip où elle se promène complètement nue dans les rues de Dallas. Une façon de symboliser la liberté, dit-elle. Ce clip n’est à mon sens pas vulgaire. Mais la nudité est-elle la liberté? Et les hommes, ont-ils besoin de se trémousser dans des postures aguichantes pour vendre des disques? Dans cette vidéo par exemple, des femmes nues dansent, pendant que Justin Timberlake chante, tout habillé. Ces femmes, qui peuvent enfin se montrer déshabillées, se libèrent-elles vraiment en vendant leur art musical par le biais de leur corps nus? Le chant des sirènes ne semble plus nous attirer à lui tout seul. Encore que, l’océan garde quelques vestiges de ces femmes à queue de poisson, comme Alicia Keys, Diana Krall ou Céline Dion qui ont plutôt réussi par leur musique que par leur bonnet E. Que ressentez-vous face à la nudité et l’érotisme dans les clips musicaux? Sexy ou too much? Femme libérée ou Poupée Plastique? A vous la parole! CaféCigale, c’est un rendez-vous bimensuel que j’ai créé pour que l’on puisse échanger et parler de nos idées, de nos points de vue sur des sujets de la vie quotidienne ou de l’actualité. En toute convivialité. S’il y a des thèmes que vous aimeriez aborder, n’hésitez pas à m’en faire-part, on les évoquera certainement ici. La Cigale ou la Fourmi, c’est aussi sur Instagram, Facebook, Twitter et Hellocoton.