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Dans les années 60, faire défiler des mannequins noires était presqu’un acte politique en France. Deux couturiers osèrent pourtant faire monter des mannequins à la peau ébène sur les podiums…
Yves Saint Laurent : le précurseur
En 1962, Yves Saint Laurent est le premier créateur à se démarquer et à oser. Le couturier affectionnait les femmes longilignes avec une forte présence. Qualités qu’il trouva chez Fidelia, le premier mannequin noir qui défilera pour lui. Suivie des mannequins africains, comme la Somalienne Iman, la Sud-Soudanaise Alek Wek, la Guinéenne Katoucha Niane ou encore Rebecca Ayoko qui fut l’une de ses égéries.
Selon son compagnon Pierre Bergé, « Yves Saint Laurent n’a jamais eu d’arrière-pensées revendicatrices. Il était très sensible au corps des femmes noires, à leur manière de se mouvoir, il les aimait ». Il cherchait une sculpture vivante sur laquelle ses vêtements allaient prendre vie, car le mouvement comptait dans la structuration de ses vêtements.
Aussi, Yves Saint Laurent fit apparaître ses créations dans des magazines destinées aux femmes noires, une pratique qui à l’époque, était considérée comme une risque marketing. Il présenta notamment ses créations dans le magazine Ebony ainsi que dans le défilé Ebony Fashion Fair.
C’est encore lui qui fut à l’origine de la première couverture de Vogue de Naomi Campbell. En effet, celle –ci expliqua: «Ma première couverture de Vogue a été grâce à cet homme. Parce lorsque je lui ai dit ‘Yves, ils ne me mettront pas en couverture du Vogue français, ils ne mettront pas une noire en couverture’, il a dit ‘je m’occupe de ça’ et il l’a fait.” Yves Saint Laurent a été “a été très important dans sa carrière, en [lui] donnant l’un de ses premiers jobs.»
Paco Rabanne : l’avant-gardiste
Emboîtant le pas à Yves Saint Laurent, le designer d’origine espagnole utilisa des mannequins noires dans son défilé parisien en juillet 64 pour porter ses robes futuristes en plastique. Un acte qui ne manqua pas d’enrager la presse mode américaine. Selon les propos de Paco Rabanne dans le livre Deep Skin de Barbara Summers, dans les coulisses après le défilé les filles des magazines américains Vogue et Harper Bazaar lui demandèrent : « Pourquoi avez-vous fait cela? » « Vous n’avez pas le droit de faire ca, de prendre ce genre de filles. La mode, c ‘est pour nous, les blancs ». « Elles m’ont craché au visage. » dit-il. Le créateur a ensuite été mis a l’index des cartels de la mode jusqu’à ce que les mannequins noires deviennent chics dans les années 70.
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