Hello tout le monde !
Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler du récit L’événement de l’autrice Annie Ernaux. Elle a gagné le prix Nobel de Littérature en 2022 pour l’ensemble de son œuvre.
♥ = Bof bof, à éviter
♥♥ = Sympa, sans plus
♥♥♥ = Pas mal du tout , j’ai passé un bon moment !
♥♥♥♥ = A lire absolument !
♥♥♥♥♥ = Attention, gros coup de cœur !
Les (♥) représentent les demis
L’image provient de mon instagram.
Nombre de pages: 130 pages
Maison d’édition: folio
Date de parution (dans cette édition): 2000
4ème de couverture:
» Depuis des années, je tourne autour de cet événement de ma vie. Lire dans un roman le récit d’un avortement me plonge dans un saisissement sans images ni pensées, comme si les mots se changeaient instantanément en sensation violente. De la même façon, entendre par hasard La javanaise, J’ai la mémoire qui flanche, n’importe quelle chanson qui m’a accompagnée durant cette période, me bouleverse. «
Mon avis:
Il s’agit du premier « roman » d’Annie Ernaux que je lis (j’ai essayé à plusieurs reprises de lire la femme gelée mais je pense que ce n’était pas le bon moment) et j’avoue que l’expérience m’a énormément plu. J’ai mis roman entre guillemets car il s’agit presque toujours de pans de sa vie qu’elle nous relate des années plus tard.
Le phrasé d’Annie Ernaux – qui nous raconte son avortement en 1963 – est très spécial, les phrases plutôt courtes et sèches, comme « les fins de non-recevoir » qu’elle a du recevoir de la part de nombreux médecins au moment où elle a voulu mettre un terme à une grossesse non désirée, alors qu’elle était en pleines études et n’avait pas de relation stable.
Les filles comme moi gâchaient la journée des médecins. Sans argent et sans relations – sinon elles ne seraient pas venues échouer à l’aveuglette chez eux – , elles les obligeaient à se rappeler la loi qui pouvait les envoyer en prison et leur interdire d’exercer pour toujours. Ils n’osaient pas dire la vérité, qu’ils n’allaient pas risquer de tout perdre pour les beaux yeux d’une demoiselle assez stupide pour se faire mettre en cloque. A moins qu’ils n’aient sincèrement préféré mourir plutôt que d’enfreindre une loi qui laissait mourir des femmes. Mais tous devaient penser que, même si on les empêchait d’avorter, elles trouveraient bien un moyen. En face d’une carrière brisée, une aiguille à tricoter dan le vagin ne pesait pas lourd.
L’événement, d’Annie Ernaux, pages 45-46
A l’époque, l’avortement était encore illégal et les femmes qui voulaient y avoir recours allaient voir des « faiseuses d’anges » (souvent des sages-femmes qui arrondissaient leurs fins de mois au noir) dans les bas-fonds des villes, les médecins ne souhaitant pas être mêlés à tout ça.
Tout le parcours du combattant qu’elle nous relate est poignant, on sent son désespoir d’être abandonnée à elle-même et elle sait les risques qu’elle prend en mettant fin à cette grossesse dans un cadre non médicalisé.
(…) j’avais accouché d’une vie et d’une mort en même temps.
L’événement, d’Annie Ernaux, page 114
J’ai trouvé l’écriture de l’autrice percutante, elle choisit soigneusement ses mots et va droit au but, sans fioritures ni chichis. Je pense que cela peut déranger certaines personnes mais pour moi, ce récit dépouillé, sans artifices, retranscrit brillamment l’état d’esprit dans lequel elle devait se trouver à ce moment-là.
Un livre universel et poignant sur un sujet malheureusement encore bien d’actualité dans de nombreux pays où les droit des femmes sont encore et toujours remis en cause.